Les soirées du Cabaret Littéraire poussent la littérature sous les feux de la rampe et éparpillent des paillettes sur les textes pour les faire briller différemment.
Depuis une dizaine d’année, l'écriture collective redéfinit les habitudes et croyances du public et du milieu littéraire vis-à-vis du texte, du livre, de la figure de l’auteuricex, et jusqu’aux notions de solidarité ou de propriété intellectuelle. La Suisse romande, et Lausanne en particulier, sont généreusement dotés en groupes pratiquant l’écriture collaborative, sous des formes très variées. Sept collectifs ont répondu à l'appel conjoint du Cabaret Littéraire et de Lire à Lausanne ! L’AJAR, aléax, Caractères mobiles, Épisode, Hétérotrophes, Particules, La ZAC, tous ont accepté ce défi : créer une entité « supercollective » et combiner leurs forces dans une grande performance, pour célébrer les 90 ans des bibliothèques publiques de la Ville de Lausanne.
Voir le descriptif complet du projet sur le site de Lire à Lausanne.
Écrire pour se mettre en mouvement. Danser pour raconter. Entre mots et mouvements, c’est souvent l’un ou l’autre, l’un puis l’autre. Croisement artistique a priori téméraire, le texte et la danse ont en fait une longue histoire commune, du ballet classique à la performance contemporaine. Dans bien des spectacles de danse, des mots sont dits, lus ou entendus. À l’inverse, il arrive que l’auteuricex d’un texte mette son corps en jeu (parfois à son insu). Qui sont, en Suisse romande, les artistes qui développent les deux pratiques ? Comment littérature et danse s’articulent-elles dans leur travail ? Peut-on danser et faire de la littérature en même temps ? Et si on demandait à deux amoureux·ses de l’enjambement de nous présenter de façon concrète ces liens entre mouvement et écriture, sur la scène du Cabaret Littéraire ?
« La nuit tombe, les équilibres se renversent. Une brèche. Énorme. Et dans la brèche, on danse. Au plafond, dans nos yeux, les éclats lumineux. La boule disco tourne. Une évasion collective. Cette nuit, prendre la mesure de nos désirs. » Si les voix queer se font davantage entendre aujourd’hui en Europe occidentale, elles restent minoritaires. Des récits non-hétéronormés restent à imaginer. Le projet Colapostich, né des marges du plateau, cherche à inventer de nouvelles formes pour que le Queer prenne plus de place. Les rythmes de la nuit urbaine et festive dialoguent avec des claquements métalliques, des chants de mésange huppée, des échos marécageux. Voix et sons s’allient : d’une strophe à l’autre, les histoires personnelles se muent en questionnement sociétaux.
Découvrez le SoundCloud de Colapostich
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Deuxième partie: Alma Catin
Alma Catin a d’abord étudié le théâtre au conservatoire de Genève puis s’est finalement tourné vers la musique. Après deux ans à l’Ecole des Technologies Musicales, il entame son premier projet solo. Au son de sa synthpop pailletée, l’artiste lausannois cherche à parler d’amour, encore et toujours. Parceque c’est jamais trop beau, c’est jamais trop chaud et on ne sera jamais assez proches les un·xes des autres. Son projet s’intitule Garçon facile, un recueil de chansons d’amour sincères, sans détour et non hétéronormées.
« Quand je pense à tous les livres qu’il me reste à lire, j’ai la certitude d’être encore heureux. » Première réaction : bien joué Jules Renard. Deuxième réaction : tiens, Jules Renard n’était pas sourd.
Quel rapport ? En tant qu’activité qui passe essentiellement par la vue, la lecture de romans devrait parfaitement convenir aux personnes sourdes ; dans les faits, la réalité est toute autre. « Lire un roman », en tant que personne sourde dont la langue naturelle est la langue des signes, c’est au mieux très (très) fastidieux, au pire complètement absurde. Un peu comme se farcir l’épaisseur d’une langue non seulement étrangère, mais qui ne se baserait pas du tout sur la même grille de lecture du monde que la vôtre.
Mais alors, la magie de la littérature qui vous « emporte », vous « console », vous « fait voyager » ? Mais alors, les festivals littéraires ? Et où se situe la « certitude d’être encore heureuse » des personnes sourdes, si ça n’est pas dans le roman ?
Le Cabaret Littéraire s’allie à l’Association Viens voir !, qui place systématiquement la langue des signes au cœur de ses projets artistiques, pour lever ce malentendu. A partir de témoignages de personnes concernées, cette performance entend faire toute la lumière sur la relation compliquée entre surdité et littérature imprimée.
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--> le vendredi 21 février au 2·21 (20h30)
--> le dimanche 23 février à Textures, Fribourg (18h)
Neuroatypie, neurodivergence, spectre de l’autisme, dys, TDA/H, HPE, HPI, zèbres… Le Cabaret Littéraire souhaite cette saison aborder la thématique de la santé mentale d’un point de vue littéraire – et incarné ! Avec celleux qui en parlent dans leurs livres, celleux qui sont concerné·ex. Pour sortir de la littérature typique et célébrer la neurodiversité.
Pour leur carte blanche au Cabaret Littéraire, les éditions 7/7 propose une après-midi avec différentes activités : des podcasts adaptés pour la scène, un atelier lecture et philo pour les enfants, des maquillages et un grand goûter. Manon Saada Russo, l’instigatrice de ce projet et par ailleurs responsable du rayon jeunesse à la librairie La Dispersion (Genève), nous mettra aussi à disposition sa fameuse Bibliothèque Volante pour l’occasion : une collection d’une centaine de livres sélectionnés avec amour et labeur, qui sont engagés et inclusifs et issus de différentes maisons éditions.
L'équipe du Cabaret Littéraire remercie vivement la Loterie Romande, la Ville de Lausanne, le Canton de Vaud, la Fondation Jan Michalski, la Fondation Ernst Göhner, les Fondations Associées, la Fondation Françoise Champoud, le Pour-cent culturel Migros et ProLitteris pour leur soutien, ainsi que toute l'équipe du Théâtre 2.21 pour leur accueil et leur collaboration.